Fanfictions
 
 
  Une historie n'est jamais finie...
Écrite par princesserusse le 28/07/2011 à 00h12
Note : 13,3/20 Catégorie : Futur de la série
Lue 3946 fois Après l'extinction du supercalculateur, nos héros ont été séparés. Yumi a du partir au Japon avec sa famille, Ulrich a été contraint de finir sa scolarité aux États-Unis, Odd a fugué et Jérémie a disparu. Mais trois ans plus tard, Yumi, Ulrich et Odd rentrent en France et tout semble reprendre comme avant. Mais Jérémie... ?
 
 

 
 

 

 

 

Aelita Stones le samedi 7 juillet 2007 à 14h05

 

« Le vol a une demi-heure de retard » m'informe William en s'asseyant devant son cola.
Je soupire en touillant ma grenadine. On poireaute dans ce café depuis presque une heure et on a déjà épuisé tous les sujets de conversation possible entre deux amis qui se voient régulièrement. J'avale une gorgée de sirop et me lève en annonçant :
« J'vais chercher l'journal. »
C'est en effet la meilleure chose à faire : les journaux regorgent de sudoku, mots croisés, jeux des 7 erreurs, très appréciés lorsque l'avion qu'on attend à du retard. Je déambule dans les couloirs de l'aéroport, zigzaguant entre les voyageurs et leurs bagages à la recherche d'un journal gratuit. Je n'aime plus trop les aéroports depuis que j'ai vu partir Ulrich, Yumi et Odd vers les quatre coins du monde.
Ulrich est parti avant la seconde pour poursuivre sa scolarité au Etats-Unis sous l'ordre de son père, la famille de Yumi est rentrée au Japon 7 mois après et Odd a fugué après avoir redoublé sa seconde. Jérémie et moi sommes restés seuls avec Sissi et William jusqu'à ce qu'il disparaisse du jour au lendemain sans laisser de traces. Ulrich, Yumi et Odd ont essayé de rentrer à ce moment là, au moins pour essayer de faire progresser l'enquête mais notre chère Japonaise n'avait pas assez d'argent, Ulrich a tenté de prendre l'avion contre l'avis de ses parents mais il s'est fait prendre à l'aéroport et Odd était coincé quelque part au fin fond de la Sibérie.
J'effleure distraitement ma bague en argent, faite sur mesure grâce au peu d'euros que je gagne depuis mes 16 ans en servant dams un restaurant. Elle représente le sigle de X.A.N.A.. Malgré tout le temps qui est passé, je n'arrive pas à m'en détacher. Je prends un journal sans même le regarder et reviens au café dans lequel Yumi nous avait donné rendez-vous. La grosse horloge accrochée au plafond indique 14h10. Encore 25 minutes.
« J'peux avoir la partie sport ? » me demande William, au moins aussi impatient que moi de revoir Yumi.
Je déchire le journal et lui tends la partie qui me n'intéresse pas ; à savoir tout sauf les jeux. Je bois une gorgée de grenadine et me penche sur les mots croisés. Plusieurs minutes passent dans le silence et ma grille est presque pleine. Soudain William pose le journal sur la table, se redresse et me demande :
« Dis-moi, tu sais si elle à un petit copain à Sapporo ?
-Si elle en a un, je n'le sais pas, répond-je sans lever le nez de mes mots croisés. « Nourri les poissons » en 7 lettres ?
-Aucune idée. Mais, t'as pas une intuition pour ses penchants amoureux ? insiste-t-il.
-Si je la voyais plus souvent je pourrais peut-être te prédire quelque chose mais bon... En plus elle n'a jamais été très ouverte avec ça. Avec un A en deuxième lettre... Mais c'est pas la peine de se poser ces questions.
-Mais ce que j'ressens pour elle c'est sérieux ! Je... J'ai... Je n'ai... »
Je lève enfin la tête de mon journal et le regarde droit dans les yeux :
« Je sais qu'tu l'aimes vraiment mais j'ai pas envie de gâcher la joie des retrouvailles par des scènes de ménage. Alors lis ta page sport et réjouie toi de son retour au lieu de te tracasser avec des questions stupides ! »
Il va répliquer quelque chose me se retient.
« Tu as raison. »
Il prend son bout de journal, va pour se détendre contre son dossier mais se ravise brusquement et se redresse. Je commence déjà à craindre ce qu'il peut penser.
« Cadavre, ça rentre ? »
Je sourie en remplissant les cases. Il s'est replongé dans les résultats du foot ou du tennis ou du vélo ou de je ne sais quoi encore. Mes yeux restent rivés sur lui un petit moment pendant que je me repasse toutes les fois où il m'a consolée et aidée à avancer pendant ces deux ans douloureux. Je retourne à mes mots croisés mais mon regard s'arrête un instant sur la gourmette que je lui ai offerte. Sur la plaquette en argent est gravé le sigle de X.A.N.A..

 


Yumi Ishiyama le samedi 7 juillet 2007 14h40

 

Enfin ! J'ai cru qu'il ne se poserait jamais ce maudit avion ! Je me lève en vitesse et récupère mon sac. Pourquoi elles ne s'ouvrent pas ces fichues portes ? Le couloirs de l'appareil devient un espace de bousculade en tout genre, chacun voulant récupérer ses affaires ; je me retrouve coincée entre une gamine qui pleure et un homme d'affaire qui grogne et insulte en japonais les compagnies d'aviations, les stewards et l'univers entier. Après de longues minutes d'attente dans une ambiance lourde, la porte de l'avion s'ouvre enfin et c'est la ruée vers la sortie. Je parviens à sortir sans être trop bousculée et me dépêche de suivre le parcours indiqué. Combien de temps que je n'ai pas foulé le sol français ! Autour de moi, les gens ne parle plus japonais... Ça me fait tellement bizarre ! Et je vais enfin revoir Aelita ! Pendant ces deux ans, j'ai cru qu'on avait remonté le temps et qu'elle était encore prisonnière de Lyoko ! J'ai tellement envie de la serrer dans mes bras ! Et William aussi. Mais j'essaye de ne pas y penser. Parce que, j'ai un peu honte mais ça me fait penser à Ulrich, qui est toujours de l'autre côté de l'océan.
Pourquoi on attend encore ? A oui... les bagages. D'après l'écran ils arrivent dans dix minutes. Dix minutes pour décharger un avion ?!? Je prends mon mal en patience et essaye de soigner mon apparence : je lisse ma jupe, arrange mes guêtres, inspecte mes baskets, réajuste mon débardeur, démêle mes cheveux avec mes doigts et vérifie que mes boucles d'oreilles en argent, de la forme du sigle de X.A.N.A., cadeau d'une ange au cheveux rose, sont bien accrochées. Je veux être parfaite pour nos retrouvailles.
Encore 5 minutes ! Je regarde un peu autour de moi : la fillette qui pleurait lèche une sucette, l'homme d'affaire est au téléphone et consulte régulièrement sa montre, deux enfants jouent au loup et dérangent tous le monde, un jeune homme me regarde fixement, une femme est assise par terre et lis un magazine, une adolescente pleure dans les bras de son petit copain...
« Hello ! Comment tu t'appelles ? »
Je me tourne vers l'adolescent qui avait le regard rivé sur moi depuis tout à l'heure.
« Yumi, répond-je froidement.
-Moi c'est Arashii. T'habites en France ? insite-t-il.
-Non, au Mozambique, cingle-je.
-J'aime les filles qu'ont d'l'humour.
-Et moi j'aime pas les gros nazes. »
Je le plante là et récupère ma grosse valise qui est enfin arrivée sur le tapis roulant. Je repasse devant lui sans le regarder et sors de la salle. Il ne me reste plus qu'à rejoindre le café. J'ai tellement hâte de les revoir ! Les vrais amis, ça m'a beaucoup manqué, Midori est sympa mais elle ne vaut vraiment pas Aelita.
Ma lourde valise manque de me faire trébucher plusieurs fois en se prenant dans tous ce qui traîne à sa portée. Après plusieurs bousculades et embrouilles avec d'autres passagers, j'arrive en vue du lieu de rendez-vous.
Aelita, est en train de boire, William trafique je ne sais quoi sur l'ordinateur portable de mon amie. Elle relève la tête vers moi et bondit de sa chaise. L'instant d'après, j'ai lâché ma valise et je la serre dans mes bras. Ses cheveux en bataille me bouche la vue mais je crois que William s'est approché aussi.
« Eh ! Partage un peu, moi aussi je suis heureux d'la r'voir »
Aelita s'écarte en reniflant et je n'ai pas le temps de respirer q'il me prend par le cou et me serre si fort que j'en ai presque mal. Mais c'est agréable, ça m'a manqué. Sa main fouille mes cheveux et les effluves de son parfum me montent à la tête. Un instant, j'oublie tout. Mais je me ressaisis vite. Je me détache de lui peut-être un peu brusquement. Je vais pour reprendre ma valise mais il me devance. On se défit du regard. Aelita renifle et on arrête net de se dévisager. Elle a le visage couvert de larmes.
« Oh ! Pleure pas princesse. »
Elle hoche la tête en essayant d'articuler quelque chose.
« T'inquiètes pas... Je partirai plus. »
Je la serre rapidement contre moi. Elle esquisse un sourire. Je lui souris à mon tour et prends le temps de la détailler : elle a pas beaucoup changé sinon qu'elle a grandis et que sa coupe de cheveux est des plus étranges et des plus mal faites. Elle porte un corsaire en jean, une tunique rose pâle et des ballerines blanches. A son doigt brille le sigle de X.A.N.A. et je me dis que tout va recommencer comme avant.

 


William Dunbar le samedi 7 juillet 2007 15h00

 

Yumi vient de rentrer et pour Aelita, c'est comme si elle n'était jamais partie : elle discutent de choses complètement futiles comme la coupe de cheveux de la princesse. C'est bien les filles ça. Moi, je conduis en écoutant distraitement leur conversation.
« Qu'est-ce que tu as fait à tes cheveux ? demande Yumi.
-Bah... Je les ai coupés. Je suis pas très douée, je sais...
-Et les coiffeurs c'est fais pour les chiens ? lance-je de devant mon volant.
-Non, mais pour ceux qui ont de l'argent, » rétorque Aelita.
Yumi me lance un regard noir. Mais qu'est-ce qui m'a pris de dire ça ?
« Fallait m'demander, je te l'aurais offert, » me rattrape-je.
Ma jolie japonaise fronce les sourcils ; elle a sans doute compris que j'ai dit ça uniquement pour faire bonne impression auprès d'elle. Si seulement elle avait l'air un peu plus joyeuse de me revoir...
« Et tes études ? s'intéresse Yumi. Aux dernières nouvelles, t'avais eut mention excellent à ton bac et après ?
-J'ai passé un concours pour une école d'informatique, j'aurais les résultats dans une ou deux semaines.
-Bah... Pour toi, c'est déjà dans la poche.
-C'est pas gagné au contraire ! Si je veux y aller, il faut que j'obtienne une bourse et pour ça il faut que je sois dans les meilleures !
-Tu y sera sans doute, princesse. Après avoir manié le supercalculateur, les autres ordinateurs c'est du gâteau ! »
Je freine brusquement pour éviter un abruti de gamin qui traverse n'importe comment. Yumi en profite pour me faire un petit commentaire :
« Et bien, tu ne l'aurais pas corrompu l'examinateur qui t'a donné ton permis ? »
Ses piques en riant, c'est aussi pour ça que je l'aime. Ça m'a manqué... Je lui réponds sur le même ton :
« L'examinatrice tu veux dire. »
Elle me lance un sourire entendu et reprend sa conversation avec la princesse tandis que je me concentre sur la route. Je me perds à chaque fois que je dois aller à l'Ermittage, c'est une horreur. Alors, je prends à droite ici et... zut... je suis déjà perdu. Heureusement, Aelita vient à mon secours :
« La prochaine à droite, ensuite tout droit jusqu'à la lisière de la forêt. »
Je la remercie d'un signe de tête et suis ses instructions en contemplant discrètement Yumi grâce au rétroviseur intérieur. J'espère qu'il n'y aura pas de problèmes parce que du coup, je ne voit plus ce qui se passe derrière la voiture.
« Odd doit arriver dans la journée, lance Aelita à Yumi.
-Ah oui ? Il s'est souvenu qu'il me doit encore 100 euros ? Avec les intérêts, bien entendu.
-Ne lui rappelle pas s'il-te-plait, sourit la princesse, il s'enfuirait en courant.
-D'où revient-il cette fois ci ?
-Il est retourné aux Philippines, il voulait se remettre avec son ex-copine de la bas, mais d'après les dernières nouvelles que j'ai eues de lui, elle n'était pas du même avis... »
Yumi s'esclaffe. Elle est tellement belle... Je fais une embardée pour prendre la route qui entre dans la forêt, tout à me contemplation, j'ai failli la louper. Elle se rembrunit soudainement, mais il semble que ce ne soit pas à cause de ma conduite, elle pense certainement à une chose désagréable.
« Et Ulrich ? » fait-elle timidement.
Très désagréable même.
« Toujours coincé au Stats. »
Je réponds dans une tentative de bonne humeur qui ne laisse que trop bien transparaître ce que je pense vraiment. Le regard désapprobateur de Yumi me fait clairement comprendre que je suis le seul qui soit heureux qu'il ne puisse pas être là. Elle a un sourire forcé et lance :
« Bah... Comme je ne quitte plus la région, je vais certainement finir par le revoir quand il sera en vacances.
-Tu as eu des contacts avec Ulrich depuis trois ans ? s'enquiert Aelita, sensible à ne pas froisser son amie.
-Quelques uns, répond-t-elle prudemment. Pourquoi ?
-Ses parents ne l'ont jamais laissé revenir en France. Même s'il payait tout le voyage. Je ne l'ai pas revu depuis qu'il est parti il y a trois ans. »
La princesse dit ça lentement, prenant garde à la réaction de Yumi à chaque mot qu'elle prononce. Sa réaction me fait mal. C'est clair qu'il lui manque énormément et qu'elle aurait préféré le revoir plutôt que moi. Je freine brusquement. On est arrivé.

 

 

Odd Della Robbia le samedi 7 juillet 2007 15h15

 

Je sais qu'aujourd'hui va être une bonne journée, c'est certain. La boulangère a souris à me blague ce matin et Marion m'a fait un clin d'œil quand on s'est croisé à l'aérogare. En plus, j'ai tout organisé pour que ça aille comme sur des roulettes. A l'heure qu'il est, ils doivent être toujours en route, l'avion de Yumi avait du retard, j'ai piraté la connexion internet d'une maison pour en être certain. Maintenant, j'espère juste qu'il y aura quelques embouteillages sur la route, ou alors que le beau ténébreux se perde, ça ne m'étonnerais même pas, tiens.
J'ai téléphoné à Sissi, elle va venir sur le coup des 16h00 même si ça lui fait pas si plaisir que ça de revoir Yumi.
J'ai mis le gâteau et le champagne au frais, ça sert d'avoir le double des clés de l'Ermittage, et maintenant j'attends.
Je grimpe sur le portail et je balance mes jambes pour tromper l'ennui. Je suis sûr que Yumi se fouteras de mon pantalon avec une jambe plus courte que l'autre, de mes lacets jaunes flashis sur mes baskets violettes et de mon motif de chien stylisé sur mon t-shirt. Je la connais encore assez bien. Par contre, c'est certain aussi qu'elle ne dira rien sur ma coiffure, qui n'a pas changé depuis deux ans, ni sur mon porte.-clé arborant le sigle de X.A.N.A.
Par contre lui, j'ai hâte de le revoir. Je sais qu'il a changé mais je sais pas à quel point. J'aurais même presque un peu peur de ce qu'il a bien pu devenir.
Ah, j'entends un moteur. Merde, c'est trop tôt. Je regarde ma montre, 15h32. Mais qu'est-ce qu'il fout ? Ne me dites pas qu'il respecte les limitations de vitesse....
La voiture noire de William s'arrête brusquement devant le portail Aelita saute littéralement de la voiture et se précipite sur moi. Je descend de son portail et la réceptionne dans mes bras. Elle semble aussi fragile que la dernière fois que je l'ai quittée... Elle pleure. Bah, des larmes de joie, ça peut pas faire de mal.
Yumi descend plus sagement mais je vois qu'elle est super heureuse de me voir. Elle ne prend pas la peine de sortir sa valise pour se jeter sur moi, indice révélateur. C'est William qui doit s'en charger. Le pauvre type, il se fera toujours avoir par notre belle japonaise. Ah merde, je me demande si ça va pas encore faire des histoires ça...
« Odd ! Ça fait plaisir de te voir, lance Yumi en me faisant la bise. Ça fait longtemps que j'ai pas eu de tes nouvelles, écrire un mail, tu sais pas faire ?
-Bah... sans Einstein ou la princesse pour me guider, j'ai du mal, tu me connais... »
Elle sourit, Aelita aussi. Parfait, j'ai réussi mon entrée.
« Et dis-moi, tu as aussi besoin d'un styliste ou c'est fait exprès ?
-Non, ça c'est juste pour que tu me fasse un commentaire. »
Aelita s'esclaffe. Je l'aime bien quand elle est joyeuse, ça me fait plaisir. William a l'air plutôt grognon quand il arrive avec la grosse valise de Yumi. Ça me fait plaisir. C'est comme ça que je l'aime le beau ténébreux, quand il est pas content.
« Mais tu devais pas arriver avant 17h00, s'exclame la princesse.
-Oui mais le bus était en retard.
-Et c'est pour ça que tu es en avance ? raille Yumi.
-Oui, parce que du coup, j'ai réussi à le prendre, je suis arrivé en avance à l'aéroport et j'ai pu prendre le vol d'avant.
-C'est possible ça ? demande la japonaise, sceptique.
-Mais bien sûr ! Ils sont pas chiants chez Air Philippines.»
Elle me lance un regard signifiant clairement qu'elle n'est pas dupe et qu'elle sait que j'ai tout programmé pour être là avant elle. Je lui rends un sourire benêt comme je sais si bien le faire.
« Bon, on campe devant le portail ou on rentre ? lance Wiliam sans même me saluer.
-Bonjour beau ténébreux, je rétorque pour gagner du temps. Je vais bien, merci, et toi ? Et toi Yumi, ton vol s'est bien passé ?
-Oui, c'était très bien, j'ai dormis la majeure partie du voyage. Merci de t'en inquiéter. »
Bon, je suis grillé. Elle sait que je cherche à les retenir dehors. Mais qu'est-ce qu'il fout bon sang ?
Un bruit de moteur. Enfin....
Etonnés, mes trois amis se tournent vers le chemin. Un motard s'approche de l'Ermittage. On voit pas sa tête ni ses formes à cause de son casque et de sa veste mais je suis sûr que le cœur de Yumi s'est accéléré. Elle le regarde avec des yeux dignes des shojos. T'as réussi ton entrée !
LA moto s'arrête. Il coupe les gaz, manipule la béquille avec le pied, descend de son véhicule et, pendant qu'il enlève son casque, je lance :
« Eh bien, t'es en retard. Me dis pas que t'as respecté les limitations de vitesse, je te croirais pas.
-Et pourtant, » soupira-t-il en s'approchant vers nous.
Mais il est arrêté par notre amoureuse transie qui s'est précipitée sur lui aussitôt qu'elle y a cru. Elle se blottie contre son torse en larme. Je jette un coup d'œil à William, il fait la tête, bien entendu. Aelita, elle, est aux anges. Ça fait tellement plaisir de voir cette lueur de bonheur briller au fond de ses yeux. Ulrich refermé ses bras sur Yumi mais ne dit rien. Bon, ça va encore être à moi de débloquer la situation...

 

 

Ulrich Stern samedi 7 juillet 15h45

 

Confortablement installé dans un canapé, je contemple le fond de mon verre en écoutant Odd raconter comment Osandi était à ses pieds quand il est allé la voir aux Philippines.
Je me demande si revenir comme ça était une si bonne idée que ça, finalement. C'est clair que Aelita a l'air aux anges et que Odd s'éclate comme un fou. Mais Yumi est tendue, comme si l'effusion de tout à l'heure n'était qu'une erreur et William... Et bien c'est clair que ma présence ne lui fait pas plaisir. Il change constamment de position, croise les bras, tripote sa gourmette... Quant à Yumi, elle a le regard fixé sur un point lointain, comme si elle s'efforce de ne pas regarder autre chose inconsciemment.
Je vide mon verre d'une traite. Odd s'est donné tellement de mal pour tous nous réunir, je vais faire bonne figure. Aussitôt, je me jette dans le récit du fanfaron et essaye par tous les moyens de le casser. Aelita m'aide de temps en temps mais les deux autres restent aussi vivants que des tombes malgré toutes les perches qu'on leur tend.
Finalement, Odd n'y tient plus et met les pieds dans le plat, comme il en a l'habitude.
« Si on vous dérange dans votre commémoration du génocide juif, faut le dire, hein.
-Garde tes mauvaises blagues, rétorque William, clairement en colère.
-Eh ! Fais un sourire, insiste-t-il. On dirait que ça te fait pas plaisir de revoir ton amoureuse. »
Yumi rougit et fusille Odd du regard. L'intéressé ne se démonte pas et réplique d'un ton froid :
« Elle si.
-Trop aimable, je souffle.
-T'as un problème ?
-Moi ? Aucun. Je suis très heureux d'être là avec vous tous.
-Te fous pas de moi. Tu dois bien remarquer que Yumi est pas dans son assiette à cause de toi.
-Ne me mêle pas à ça, intervient l'intéressée en se levant.
-Ne me dit pas que c'est pas la vérité !
-Bien sûr que non ! Je suis très heureuse de le voir. C'est juste que je n'étais pas préparée et...
-Et on repart comme il y a deux ans, relance Odd qui visiblement s'amuse beaucoup. Querelle entre hommes en rut !
-Odd, s'il-te-plait, je soupire. C'est pas la peine de...
-Non, effectivement, c'est pas la peine, coupe Yumi. Je ne sais pas ce qui m'a prise tout à l'heure, l'émotion sans doute, mais ne recommencez pas. Et Odd, on se passera de tes commentaires. »
Et au fanfaron de répliquer je ne sais quoi.
Aelita a l'air soudain effarée. Il y a de quoi. Je commence à me sentir un peu coupable. La dispute a pris de l'ampleur. Je me lève. Tout le monde se tait et se tourne vers moi.
« Bon, si je suis pas le bienvenu, je vais y aller. Je dois faire le check-in à l'hôtel.
-A l'hôtel ? s'étonne Aelita. Mais tu débloques Ulrich, j'ai une maison immense et tu veux dormir à l'hôtel ?
-Si je suis invité...
-Bien sûr que tu es invité. Va décommander ton hôtel, je te préparerai une chambre après qu'on ait mangé le gâteau. »
Je hoche la tête pour lui signifier que j'ai compris et file en direction du téléphone que j'avais repéré dans l'entrée. Dès que j'ai quitté le salon, j'entends des éclats de voix qui reprennent. J'hésite un instant à reprendre mes affaires et à retourner aux USA mais chasse vite cette idée. Je savais que ça allait être dur de revoir Yumi et je m'étais préparé. En tout cas, je croyais être préparé. Je me colle au mur et me laisse descendre jusqu'au sol. Je ne sais plus comment réagir. J'avais pourtant préparé une centaine de scénario ! Mais maintenant je ne sais plus si je dois faire semblant de rien ou alors lui parler ou alors... Merde. Copain et puis c'est tout...
Décommander l'hôtel ! Je sors de ma torpeur et me relève. Je fouille mes poches pour trouver le numéro du standard tout en décrochant le combiné. La standardiste est sympathique et seule la première nuit me sera finalement facturée. J'irai la régler demain.
La sonnette retentit. Bien que je ne sois pas chez moi, je ne peux résister à la tentation d'ouvrir.
C'est Sissi.
Elle reste un moment hébété puis me saute au cou en hurlant stridemment mon nom. Bon sang Odd, je vais te tuer. Tu as vraiment tout fais pour que ce soit un massacre, pas vrai ?
La sonnette et le hurlement de Sissi les ont tous attirés dans le couloir.
« Sissi, t'as pu venir ! s'exclame Odd en ouvrant grand les bras. C'est génial, on avait juste pas commencé le gâteau.
-J'aurai jamais cru que ça valait vraiment le coup de venir, s'extasie Sissi. Voir Yumi, pfff.... Mais là... Odd, c'est génial ! Je ne regrette pas !
-T'es de la partie aussi ? s'étonne Yumi, pas vraiment ravie de ce coup de théâtre.
-Et oui ! jubile Odd, j'ai invité tout le monde ! Je vais chercher le gâteau, installe toi dans le salon.
-Attend, je vais t'aider. »
Je suis le clown dans la cuisine pendant que les autres retournent au salon. Il sourit de toutes ses dents.
« Mais à quoi tu penses ? je le réprimande alors qu'il sort le gâteau du frigo. Si tu veux déclancher les hostilités alors qu'on vient à peine de se retrouver, tu pouvais pas faire mieux.
-Oh... Détends toi... Ça va aller mieux maintenant que Sissi est là. Elle va nous raconter sa vie, tout le monde la cassera sans exception et l'ambiance va revenir. »
Je soupir.
« Tu l'aime encore ? demande-t-il presque candidement.
-Tu fais des progrès en théâtre, t'as pris des cours ?
-Sérieusement.
-Sans doute. Oui, sûrement. »
J'ai encore à l'esprit ces deux horribles années. Ma famille, elle qui ne répondait jamais à mes mails, Aelita, Elie et Fi' qui me réconfortait parfois...
« J'ai un peu l'impression d'être dans un rêve. Dans deux minutes je vais me réveiller de l'autre côté du Pacifique...
-Et non, c'est bien réel. On est réuni. Et je te mettrais avec Yumi que tu le veuilles ou non et on retrouvera Jérémie. Maintenant qu'on est tous ensemble, c'est sûr qu'on va réussir. »
Je ne dis rien et le suit vers le salon.
J'aimerais penser comme lui. J'aimerais être aussi optimiste que lui. Mais je sais pertinemment que ce ne sera pas aussi simple qu'il a l'air de le croire. Me mettre avec Yumi déjà... Ces trois ans n'ont sans doute pas arrangé nos affaires et j'en sortirai sans doute de nouveau avec un cœur en miette. Quant à retrouver Jérémie... Aucune chance. Simplement aucune chance. Si c'était possible, Aelita l'aurais déjà fait. Depuis longtemps...

 

 
 

Commentaires
 
Note :
20
Commentaire de Lyoko1403 - Posté le 29-06-2013 à 21:20

Trop bien! A quand la suite?

Note :
0
Commentaire de TAFFOREAU - Posté le 21-04-2013 à 14:41

I (love)

Note :
20
Commentaire de alex67 - Posté le 06-11-2012 à 18:10

J adore a quand une suite

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